Marc Dachy et John Cage                                                                               Marc Dachy et Martin Muller

 

 

La revue Luna-Park et son directeur, Marc Dachy, assignés en justice,

 

par un ayant-droit d’Antonin Artaud

 

 

  En ouverture du premier numéro de sa nouvelle série, la  revue Luna-Park a publié en janvier 2003 un texte inédit d’Antonin Artaud, « Le corps humain ».

  Elle avait autrefois, en 1979 et en 1985, publié des textes inédits et des pages de carnets d’Antonin Artaud, en particulier « Dix ans que le langage est parti » (Luna-Park, n° 5, octobre 1979), ce dernier d’une importance telle qu’il a été régulièrement cité depuis.

  À la suite d’une lettre de protestation désobligeante, tissée d’erreurs et de contrevérités malveillantes, de M. Serge Malausséna du 10 mars 2003, puis de son conseil Me Philippe Eschassériaux, Marc Dachy, directeur de la revue Luna-Park, avait répondu à toutes les allégations que contenait la lettre de l’ayant-droit, laquelle visait essentiellement d’une part une atteinte patrimoniale, une mise en cause de l’authenticité du texte publié, et à lui reprocher en 2003 la publication des textes parus en 1979, et ce, pour la première fois, vingt-quatre ans plus tard, et 1985 (« Il s’est passé cette nuit… »).

  Parmi les insinuations adressées à Marc Dachy figurait celle de rechercher une publicité de mauvais aloi. Nous avons au contraire fait valoir notre seul souhait de divulguer en 2003 comme en 1979 et 1985 un texte d’Antonin Artaud dont on ne s’expliquait guère qu’il restât inédit, sans autre souci, et ne guère rechercher une « publicité » qui ne serait, le cas échéant, que le fait de l’ayant-droit.

  La revue Luna-Park remarque que l’action intentée par l’ayant-droit d’Antonin Artaud, plus d’un an après les explications fournies par Marc Dachy (le 27 juillet 2003) quant à l’authenticité du texte, coïncide avec la parution en librairie d’un volume d’œuvres d’Antonin Artaud où les textes parus dans Luna-Park sont repris sans que la question de leur authenticité ne semble plus guère se poser.

  Dans un seul des cas, la publication originale dans Luna-Park est mentionnée. Les textes parus en 1985 (« Il s’est passé cette nuit », Luna-Park 8/9, « Un siècle d’avant-garde », automne 1985) et 2003 (« Le corps humain », Luna-Park 1, nouvelle série, janvier 2003) sont repris dans l’édition « Quarto » (Gallimard) des Œuvres sans mention de l’édition originale dans la revue. Ces omissions peuvent s’interpréter sur plusieurs plans. En tout état de cause, elles laissent supposer que ces textes furent établis à partir des manuscrits pour le volume « Quarto », alors que de leur publication en pré-originale dans Luna-Park il faut déduire que Paule Thévenin les avait transcrits en son temps. Enfin, les enregistrements de l’émission « Pour en finir avec le jugement de dieu » d’Antonin Artaud, publiés par Sub Rosa puis France Culture avec une introduction de Marc Dachy, manquent aussi dans les références de ce volume.

    Pour mémoire, jusqu’au 15 septembre 2004, le texte que nous avons publié en 1979 (« Dix ans que le langage est parti ») n’était lisible que dans Luna-Park ou là où il fut cité à partir de la revue par de nombreux auteurs ou dans des catalogues. Il fut donc ainsi sauvé de vingt-cinq ans de non divulgation.

  Les deux assignations, visant tant  Marc Dachy que la revue Luna-Park le 17 septembre 2004, montrent qu’outre ces manquements, l’ayant-droit entend salir la nouvelle actualité d’Artaud et a attendu cette occasion pour l’oblitérer de la trivialité par laquelle il traque ceux qui dans le monde des Lettres – et de la vie – refusent les infects abus de pouvoir familial trop connus des littérateurs et de leurs lecteurs, « désobéissance civile » qui devient un devoir quand il s’agit de divulguer la parole d’Artaud.  Les exigences se chiffrent au total à 54 000 euros : 20 000 au titre d'atteinte au droit patrimonial, 20 000 de dommage moral, trois insertions dans des journaux ou revues au choix de l'ayant-droit à concurrence de 3000 euros par insertion, et 5000 euros en application de l'article 700 du Nouveau Code de Procédure Civile, soit 54 000 euros. Il est en outre demandé l'exécution provisoire du jugement à intervenir nonobstant appel ainsi que la confiscation et la remise à l’ayant-droit des numéros restants.

 

 

Communiqué du 22 septembre 2004

 

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